#Mayotte : Mahamoud AZIHARY, victime d’un colonialisme décompléxé

Dans un avenir très proche, il n’est pas impossible que les Mahorais se mettent à crier « non karivendze, nous n’en voulons pas de ce colonialisme à la con ». Car malgré les beaux discours de la république française sur l’égalité, les injustices coloniales durent et perdurent à Mayotte. le cas Mahamoud Azihary en est la parfaite illustration.

Ce directeur de la Société Immobilière de Mayotte, est l’incarnation de tout ce que le colon déteste. C’est un Mahorais bardé de diplômes des grandes universités de ce monde, tel que la Columbia Business School de New york, excusez du peu . C’est un Mahorais qui a fait ses preuves dans le secteur privé à l’international, tordant le cou au cliché de l’indigène, qui n’aurait qu’un seul rêve, trouver une planque dans la fonction publique coloniale. Azihary est un Mahorais debout, qui ose dire aux blancs qu’ils ne sont pas au-dessus de la loi et qu’à Mayotte, autochtones et allogènes doivent être logés à la même enseigne.

L’administration coloniale vient de le lui faire payer. Il est purement et simplement viré de son poste . Son crime? Avoir osé toucher à la demeure d’un blanc, Vincent Liétar . Pourtant, la Sim a détruit des centaines de maisons appartenant à des Mahorais sans que cela ne pose le moindre problème. Mais vouloir faire la même chose à une maison occupée par un métropolitain, est considérée comme une offense suprême sur ce territoire illégalement annexé par la France, avec le même procédé que celui utilisé par Poutine en Crimée, au mépris du droit international.

Le jour des travaux de démolition, un groupe de colons blancs amis de Liétar, s’est mis devant la tractopelle pour l’empêcher d’entrer en action. Une manière de rappeler aux Mahorais qui sont leurs maîtres. Un affront qui aurait provoqué un tollé dans n’importe quel département d’outre-mer. Mais comme le disait si bien Fredérique Mitterrand, ancien ministre de la culture :  » À. Mayotte, les politiciens locaux sont d’une nullité affligeante ».

Ils viennent de confirmer cette belle réputation de « nuls et fiers de l’être ». Car bien que majoritaires au conseil d’administration, ils se sont soumis à la volonté des métropolitains d’éjecter ce nègre d’Azihary. Il faut saluer la dignité de Ramlati Ali, présidente du Conseil d’administration de la SIM, qui s’est opposé à la décision et appelé les élus mahorais à leur responsabilité.  » C’est nous, les élus mahorais, qui avons viré Mahamoud AZIHARY de la direction générale de la SIM « , a-t-elle déclaré la mort dans l’âme.

Bon prince, Azihary a refusé de jeter la pierre aux élus mahorais, en expliquant que leur peur, est due au fait que sur l’île « vos projets de développement sont conditionnés à votre capacité à être docile. » Les politiciens mahorais font fausse route, s’ils pensent qu’il suffit de se taire et laisser la France déverser des millions, pour que le développement prenne forme. Rappellez vous que La Guadeloupe est départementalisée depuis 1946. Après des milliards d’investissements de l’état chaque année, aujourd’hui 60% des jeunes de moins de 25 ans sont au chômage là-bas. Un échec cuisant. Ce ne sont pas les millions d’euros qui créent une prospérité durable. Seul un leadership visionnaire peut le faire.

Younoussa Bamana et Zaina Mdere, qui combattaient toute forme d’injustice envers les Mahorais, doivent se retourner dans leurs tombes. Ils se sont battus pour que Mayotte soit libre, chaque jour que Dieu fait, leurs successeurs s’attellent à vendre cette liberté en échange d’un développement artificiel qui voit les Mahorais se faire déposséder de leur île chaque jour un peu plus.

L’ attitude coloniale de la République française est insupportable. Il n’y a pas de pire sentiment que de se sentir humilié chez soi. Les 4 îles de l’archipel des Comores ne forment qu’un seul peuple, un seul corps. Lorsqu’un membre de ce corps est blessé, tout le reste du corps ressent la douleur. Nous appelons donc tous les acteurs politiques comoriens à faire pression sur notre gouvernement pour laver cet affront fait à ce digne enfant de Mayotte, en le nommant vice-président des Comores en charge de l’aménagement du territoire.

Photos: mayotte 1ère